Laurent a écrit :
Deux cas :
- Ravens @ Panthers : Flacco va pour donner le ballon à Little Ray; le ballon cogne le bide de Little Ray et tombe à terre. Little Ray donnait sur le coup l'impression d'être surpris de devoir jouer ce coup là à la course. Fumble.
Flacco a depuis expliqué la chose : "That was all me. My head got scrambled a bit, which can’t happen and I went to hand it to Ray, I put it in his stomach and I’m like, "Why isn’t he taking it?" And then I was like, "Oh yeah!" So it was all me. I take full responsibility."
Néanmoins, avant de prendre connaissance de l'explication de Flacco, c'est un cas que je mettais en rapport avec :
- Jets @ Browns : le kicker tire un onside kick. La moitié de l'équipe se met à courir comme s'il s'agissait d'un coup de pied normal; le ballon sort du terrain.
j'ai un peu du mal à comprendre comment un manque de communication pareil peut advenir. Comment peut-on l'expliquer ?
C'est l'occasion aussi de revenir sur le choix des plays : comment s'établissent-ils ? Comment s'établit la communication entre le coordinateur et le capitaine sur le terrain ?
Bien, plusieurs choses à étudier.
Pour ce qui est de l’histoire de Flacco, quel était le play appelé ? Je ne connais pas la terminologie du playbook des Ravens (eh oui, il y a une vie après Jenn Sterger), mais peut-être que le terme utilisé pour un endaround (ce qu'on voit Housh enclencher, avec une feinte de donner à Rice) ou un fake endaround (Housh ferait semblant de prendre le ballon qui aurait en fait été donné à Rice). Il est possible que lors de la transmission des consignes lors du huddle, il y ait eu une incompréhension entre les joueurs. Ou c'est simplement Flacco qui a eu une absence momentanée. Brain fart. Sur ce que je vois, je crois que le play est bien un endaround et que Flacco je joue comme un fake endaround, en laissant le ballon contre le ventre de Rice qui ne le prend pas...
Pour le play des Browns, c'est clairement un fake. Le kicker fait semblant de donner un kickoff classique, se freine, et donne le onside. Le kick est foiré, il n'arrive pas là où les Browns pensent qu'il doit arriver, devant eux, mais derrière eux. Les joueurs à droite du kicker au départ ne sont de toute façon, dans le play appelé, pas concernés par le kick. Ils feintent une couverture classique de kickoff. A mon avis, on n'est pas dans l'incompréhension, mais dans une mauvaise exécution.
En règle générale, chez les pros, un joueur de l’attaque et de la défense a une petite pastille verte sur son casque, derrière. C’est le joueur qui est « wired », relié par radio à son coordinateur offensif ou défensif qui reçoit les consignes. Toujours le quarterback et en général le Linebacker intérieur. Le OC/DC passe ses consignes, et ensuite, c’est variable. Les consignes déjà sont variables. Un Peyton Manning, par exemple, on lui suggère un play ou deux, et il décide de ce qu’il fait… Certains QB portent aussi sur l’avant-bras un brassard avec dessus un résumé de certains plays pour servir de ‘pense-bête’…
Aussi, souvent, le premier drive d’un match pour une attaque est ‘scripté’, il me semble en avoir déjà parlé, avec un enchaînement de plays prédéterminé. Ensuite, eh bien… On est dans le domaine de l’adaptation permanente.
Pour choisir son play, on a un raisonnement down/distance, souvent. Je ne vais pas forcément appeler un jeu de passe en profondeur sur une troisième et deux, par exemple. Et puis on s’adapte en fonction des forces et des faiblesses à la fois de l’adversaire et des siennes propres. Celles qu’on a détectées lors de la préparation, et celles qu’on voit en direct, lors du match.
Par exemple, il y a plus de chance de voir Baltimore appeler une course sur 4ème et pas grand-chose que de les voir appeler une petite passe sur un receveur faisant une route en cross… Mais ce n’est absolument pas une obligation… Il faut savoir rester suffisamment imprévisible, en prenant en compte tous ces éléments. Et ton playcalling évolue forcément au cours de la rencontre. C’est souvent à ça que sert ce premier drive scripté, évaluer comment une défense réagit sur certains sets offensifs. On peut tester s’ils sont plus dans une logique de zone ou d’individuelle, par exemple. Même si les matchs sont préparés tout au long de la semaine avec ce qu’on sait de la défense qu’on va affronter.
En défense, tu démarres également avec un plan de jeu (zone/individuelle) depuis ton schéma de base. Et puis tu t’ajustes en fonction de ce que l’attaque t’envoie. Si l’attaque se met à courir sur des sets à 4 receveurs, tu vas laisser ton MLB plus proche de la ligne et éventuellement le mettre en individuel sur le coureur, ou rapprocher un safety de la ligne (ou le faire blitzer de manière déguisée)… Il y a des multitudes de possibilités.
Et, en attaque comme en défense, ton ‘leader’ (ou tes leaders en défense, ton MLB/ILB et ton SS/FS) peut appeler des modifications du play ‘on the fly’, à la ligne, les fameux signaux audibles. Ça se parle beaucoup sur un terrain, de toute façon.
Pareil, pour ce qui est du jeu de ligne, le centre est amené à appeler les changements de blocks. A chaque système offensif, en fonction de la complexité des schémas de blocks que tu peux avoir, un schéma de block correspond à une certaine game de plays (pas seulement course/passe, mais aussi les screen passes, ou les types de passes en fonction du nombre de pas en retrait que va faire ton QB). Et le centre, en fonction de ce qu’il voit de la disposition des premières lignes défensives, peut faire changer l’assignement d’un garde, ou attirer l’attention sur un défenseur particulier. Le QB suit aussi ces consignes de ligne, parce que cela va influer sur le play.
Tu vois, il n’y a pas de règle absolue, et le gameplanning ne peut pas te gagner le match, mais il peut te le faire perdre. Ça reste un ‘concours de cerveau’ à la base, mais si tu n’as pas une exécution correcte du play, tout tombe à l’eau.
Michael Vick loudmouth superstar...
Peux-tu dresser rapidos une petite biographie sur ce joueur pour les plus jeunes lecteurs ?
Pouvait-on anticiper son niveau de performance actuel lors de sa signature à Philly ? Qu'est ce qu'il faut en penser ? Le buzz médiatique et le lobbying des fans qui avaient porté les Vikes l'année dernière, les Jets cette année peuvent-ils amener Vick vers le trophée de MVP si les Eagles continuent à sortir les grosses perfs ? N'es tu pas écoeuré comme moi de la tournure des évènements le concernant ?
Mike Vick est né en 1980, en Virginie. Il a joué pour la fac de Virginia Tech, remportant le Gator Bowl et participant à un National Championship (le Sugar Bowl cette année là) perdu par les Hokies contre Florida State (oui, la fac de Jenn Sterger).
Vick est le premier quarterback noir à avoir été drafté numéro 1 lors de son arrivée dans la Ligue en 2001. Les Falcons d’Atlanta ont obtenu le premier choix de draft pour prendre Vick, faisant un trade avec les Chargers pour cela.
Vick arrivait en NFL avec de bons atouts : son bras puissant, et surtout son énorme vitesse de base qui le transformait en un vrai danger pour les défenses adverses, peu habituées à jouer contre ce type de QB (McNabb, drafté en 99, apportait déjà ce genre de profil, mais sans avoir la vitesse et l’agilité de Vick).
Vick a joué deux Pro Bowls, et manqué un paquet de matchs. Il n’a joué pour le moment qu’une seule saison régulière complète, se retrouvant assez souvent blessé. Je me souviens d’ailleurs d’une image où tu as Arthur Blank, le proprio des Falcons, l’ancien PDG de The Home Depot, fondateur de la boîte, le pousser dans une chaise roulante pour l’amener au bord du terrain. Blank était devenu fou de Vick, comme ça arrive parfois à des proprios avec certains joueurs (voir Bud Adams et Vince Young). Vick n’était pas un grand QB, mais un faiseur de spectacle, qui pouvait te faire exploser une défense en courant, ou en balançant la passe longue occasionnelle à spectacle.
En 2007, il a été reconnu coupable de participation dans l’organisation de combats de chiens illégaux ainsi que d’un système de paris autour de ces combats, et d’avoir participé à l’exécution de chiens qui n’étaient pas bons au combat, des trucs comme ça. Il a finalement plaidé coupable des charges, et été condamné à deux ans de prison au pénitencier fédéral de Leavenworth. C’est le sommet de sa carrière judiciaire, qui l’aura vu notamment forcé de trouver un arrangement avec une femme qui avait déposé plainte contre lui pour avoir refilé l’herpès à la donzelle. Episode resté célèbre (ou pas) car la fille affirmait que Vick se faisait traiter pour la maladie dans des cliniques sous le pseudo de Ron Mexico… et que des petits malins ont fait floquer des maillots des Falcons avec le numéro 7 et « Mexico » comme nom de joueur… Vick a aussi été arrêté à l’aéroport de Miami en possession d’une bouteille d’eau qui comprenait un ‘compartiment secret’ dans lequel les flics ont pensé qu’il essayait de dissimuler de la marijuana. Il a aussi pété un câble en adressant un double doigt d’honneur au public du Georgia Dome. Ah, et ses mauvaises fréquentations l’ont contraint parfois à se retrouver mêlé de loin à diverses histoires…
Après deux ans de taule, et une période d’assignation à résidence, la suspension de Vick a finalement été levée par la NFL, et Tony Dungy a un peu servi de mentor à Vick, pour l’aider à donner un nouveau départ à sa carrière.
Donc, après cette petite partie ‘Alain Decaux raconte : Mike Vick’, venons-en à tes autres questions :
Non, jamais je n’aurai pensé le voir à ce niveau. Surtout sur le peu qu’on l’a vu jouer l’an passé dans un rôle de QB de Wildcat… Quelques courses, OK, mais quasiment rien à la passe…
Attention, toutefois, cette année, il n’a pas non plus joué beaucoup par rapport à de vrais candidats MVP comme Brady, Rivers (nota bene : je ne sous entend pas que Vick n’est pas légitime pour être MVP). J’ai toujours vu Vick comme un joueur qui utilisait d’abord sa qualité première, sa vitesse de course, sans chercher à ajouter une dimension ‘passeur’ à son jeu. Vick, c’était « check one, run », c'est-à-dire : « je regarde mon premier receveur, et s’il est pris, je cours ». Tout cela ne marche qu’un temps, surtout si on ne sais pas comment faire le slide si le jeu de course est manqué. Tu finis par prendre des coups, et te blesser.
Là, apparemment, plusieurs choses ont changé. D’une, je crois qu’il s’est assagi, qu’il a progressé au niveau mental, qu’il est devenu plus mature, moins ‘c’est mon équipe à moi, je fais ce que je veux, et je t’emmerde’, ce qu’il était à Atlanta. La taule lui a sans doute appris que c’était pas lui le cador. Je ne sais pas, mais je le sens beaucoup moins ‘loudmouth’ que tu ne l’affirmes. Ensuite, son année passée derrière McNabb, vu qu’il a semblé adopter une attitude positive et travailleuse lui a peut-être apporté de bonnes choses, comme de ne pas chercher à courir absolument dès que le premier receveur est pris, il checke plus d’options avant de se mettre le cuir sous le bras et de courir. Oui, il a progressé…
Maintenant, le public de Philadelphie demeure un public difficile, et puis, dans le monde de l’information qui va trop vite dans lequel nous vivons, le match record contre les Redskins a fait passer Vick au statut de prétendant au titre de MVP. Pourquoi pas, après tout, s’il tient le rythme, lance plus de 30 passes par match à 65% de complétions, et évite au max les interceptions, il peut prétendre, surtout si les Eagles restent au top jusqu’à la fin de la saison. Qu’il gagne un match ou deux ‘tout seul’ aussi, contre une grosse équipe, ça peut aider sa candidature. Mais que le public l’aime, c’est pas important pour un MVP. Ce sont des journalistes qui votent. Et pas mal en sont tombés amoureux. C’est normal, c’est ce côté américain, qui fait que tu as une seconde chance, parfois, et que quand tu arrives à la saisir pour devenir un bon gars qui a du succès et peut servir d’exemple positif, ça améliore ta réputation…
Ou tout l’inverse, certains refusant de donner la seconde chance… C’est un peu clivant dans la société, mais pas forcément dans le monde du football et de ses supporters. Des supporters de foot, c’est comme dans la société, t’as de tout. Et je ne sais pas si les Eagles enverront un tas de joueurs au ProBowl (le public ne vote que pour les starters), et j’allais te dire que ce n’est pas important, dans le fond. Le seul truc qui compte pour les fans, c’est une belle saison, et un titre.
Il y a une vraie passion chez les fans des Eagles, c’est certain. De là à les voir voter en masse pour tous leurs joueurs, je ne sais pas. Les fans des Vikes avaient disjoncté, l’an passé, il me semble. Bref, on s’en fout.
Quant à savoir si ça me retourne l’estomac… J’irai pas jusque là. Je ne suis pas forcément un barjot de la cause animale, et le fait que le mec se soit fait choper ben… tant pis pour lui. Il a purgé sa peine, il revient, OK. C’est pas forcément mon héros pour autant. Je n’étais pas fan de Vick à son arrivée dans la Ligue. Je ne le suis pas non plus aujourd'hui. Je n’ai pas d’a priori sur les Eagles, je regarde ce qu’il se passe, et Vick tient pour le moment la route, sans forcément qu’on aille crier au génie à cause de ce match de Washington qui a rendu plein de monde dingue, comme tous les trucs qui sortent de l’ordinaire à un moment ou à un autre font exagérer les analystes, surévaluer certaines réussites ou certains échecs… C’est un peu de la socio-psycho à deux balles, je ne sais pas.
Again, les votes pour le Pro Bowl, on s’en cogne, c’est plus du classement de popularité qu’autre chose, t’as qu’à voir les noms qui sortent tous les ans pour les linemen offensifs… Que des ‘noms’ sans forcément qu’on reconnaisse vraiment la performance des linemen, car le jeu de ligne, c’est un truc que tu ne vois pas si tu regardes les matchs « du dehors », sans t’être penché sur le jeu de ligne ou avoir joué sur la ligne.
En fin de saison (peut-être avant), Ray Ray aura une discussion avec Harb sur son rôle dans l'équipe. Il est d'ores & déjà acquis que Ray Ray ne prendra plus tous les snaps. Qui sera le patron de la défense alors ? Ozzy a tranché : Ngata prendra la relève de Ray Ray.
Extension de ma 1ère question : dans la Ligue, est-ce qu'il y a des défenseurs, à d'autres postes que ILB, qui sont le patron de l'équipe, qui appellent les plays etc....
Que penses-tu de Ngata pour ce rôle ? Le choix d'un DE comme patron prépare-t-il à un changement de mentalité, à une révolution dans la culture des Ravens : abandon de la culture défensive pour un tout offensif.
En général, c'est un ILB/MLB qui appelle les jeux en défense. Par contre, un safety a souvent en charge les modifications de couverture. Ou un corner, plus rarement, quand les safeties manquent d'expérience. Mais le play général est passé à un ILB/MLB.
Pour ce qui est de Ngata, le tout est de savoir ce qu'est précisément le rôle qu'on va lui confier. Si c'est celui de 'capitaine de la défense', dans le cadre de l'aspect 'motivateur' qu'a Lewis, si Ngata a un respect de ses partenaires, ça ne posera pas de problème normalement. Si c'est lui qui se retrouve 'wired' et est chargé d'annoncer les tactiques, ça peut se retrouver problématique. Surtout pour les modifications de dernière minute, les audibles qui auront du mal, depuis sa position de down lineman vers les lignes arrières de la défense. A mon avis, un LB sera chargé de la communication, et Ngata serait le 'patron', le 'leader', sans forcément avoir les plays transmis. Et puis, un lineman, ça se fatigue assez vite, c'est dans le jeu à tous les coups, ça ne peut pas 'passer' un play lorsque le ballon ne vient pas de son côté ou vers lui. Un limenan, ça pousse, ça presse, tout le temps. Et avec les physiques qu'ils ont, leur endurance globale est plus limitée. Je ne sais pas si tu te souviens lors de son année rookie, il récupère un fumble et remonte le terrain... Et juste après tu le vois sur le banc avec un masque à oxygène !!!
Je ne vois pas venir un changement de culture pour Baltimore parce que Lewis manquerait quelques plays par match, ou même la moitié. Il reste quand même des défenseurs de grosse intensité. Avec une défense sans âme, tu peux avoir les Pats de 2007 en escouade offensive, tu n'iras pas bien loin.
Le cas des Pats semble être par extension intéressant à détailler. Le patron chez eux, ça doit être Wilfork, non ? Comment se situe Mayo dans tout celà ? Peut-il devenir ou est-il déjà un bon leader ? Petite question : Mayo face à Willis; qui sort vainqueur ?
Je pense que chez les Pats, Wilfork est un leader de défense, à l'ancienneté et par son intensité. Un leader, un peu ce que j'envisage comme rôle pour Ngata dans ta question précédente. Mais c'est Mayo qui reçoit les consignes, il me semble.
Il est donc de facto un leader lui aussi, peut-être pas comme Wilfork en termes d'aura, mais c'est un joueur exemplaire sur le terrain, lui aussi, et il coordonne la défense sur le terrain. Je ne suis pas un spécialiste des Patriots, cependant, même si je vois pas mal de matchs de NE.
Willis et Mayo ne sont pas très différents mais il y a quelques petits points pour les 'séparer'.
D'abord, ce sont tous les deux des gros tackleurs, très impliqués contre le jeu de course, comme le sont tous les ILB à la base.
Ils ont des physiques assez équivalents, même taille, poids proche, mais Willis semble bâti plus en muscles et en tendons que Mayo qui fait moins 'bestial' et plus 'gros os' si tu vois ce que je ceux dire...
Mayo est moins impliqué dans le pass rush que ne l'est Willis, qui récolte plus de sacks et un peu moins de stops sur la course. Willis est plus proche dans son attitude de celle de la référence au poste, Ray Lewis, plus « sur le 380 » que Mayo, qui semble plus discret dans sa façon de célébrer les plays, moins 'fou furieux'.
En termes d'efficacité, c'est un peu bonnet blanc et blanc bonnet, toutefois. On ne peut pas affirmer que l'un est bien meilleur que l'autre. Ils sont un peu différents, voilà tout.
Higuain a écrit
-Quel est l'avantage, le désavantage d'une défense en zone? Comment la reconnait-t-on? Quand l'utiliser?
Ah, les questions Madden de l’ami Higuain ! Remarque, c’est une très bonne façon de se plonger dans le sport qu’on aime, le genre de truc qui peut te pousser à regarder plus de matchs, à avancer plus avant dans la passion qui nous anime…
Bon, d’abord, dans la vraie vie, l’individuelle pure est quand même très rare. La ‘Cover 0’, c'est-à-dire une équipe sans couverture d’un safety, avec chaque joueur assigné à un adversaire particulier (y compris les blitzeurs qui sont assignés, techniquement, au QB), ne se retrouve jouée que dans des situations plus rares, quand tu es en défense collé contre ta ligne, donc que tu as peu de terrain à couvrir derrière toi.
Une défense en zone, que ce soit en ‘Cover 1’ (un safety qui couvre tout le fond du terrain, sur la largeur), ‘Cover 2’ (avec deux safeties qui couvrent la moitié du terrain en largeur sur la profondeur), ‘Cover 3’ (deux corners qui vont prendre la profondeur sur le tiers du terrain de leur côté en laissant l’axe à un safety) ou même ‘Cover 4’ (les deux corners prennent un quart du terrain dans la profondeur sur leur côté, les deux safeties se partagent l’axe profond du terrain), repose sur des ‘prises d’espace’ par les joueurs chargés de la couverture. Une défense de zone permet de libérer certains joueurs qui sont chargés de mettre la pression sur le passeur (les défenses de zone au-delà de la Cover 2 sont des défenses pour lutter contre la passe, à la base), les joueurs chargés de la zone prenant les joueurs qui viennent évoluer dans leur zone pour solliciter la passe. Une défense de zone te permet généralement de limiter le big play, à la fois en privant le QB de temps pour lancer et te permettant de ‘couper’ des lignes de passe
Les avantages d’une telle défense sont liés au personnel dont tu disposes. Si tu n’as pas de très bon corners et que tu joues contre des receveurs de haut niveau, et que tu penses que tes corners n’arriveront pas forcément à contrer leur receveur, tu peux adjoindre une aide défensive par zone de tes safeties (dans une individuelle, tu adjoins une aide individuelle, par exemple : le FS vient systématiquement doubler son corner sur le receveur numéro 1 d’en face). Si tu souhaites envoyer un joueur ou deux en plus de tes linemen pour mettre la pression sur le passeur, tu risques de te retrouver en infériorité dans le champ où évoluent les receveurs potentiels, et tes défenseurs qui ne mettent pas de pression viennent donc ‘s’occuper d’une zone’, pour contrer les attaquants si le ballon parvient jusqu’à eux.
Chaque défense en zone a des faiblesses, des ‘soft spots’ qui se retrouvent non couverts à un moment ou à un autre dans le déploiement de la défense. Sur une Cover two, par exemple, la zone entre les safeties et les corners peut être exploitée puisqu’elle se retrouve parfois non couverte. Sur une Cover Three, des passes extérieures en tracé ‘quick outs’ font merveille avec les corners qui reculent fortement pour couvrir la profondeur, si tu joues un tracé court, les corners vont être ‘pris’ en train de reculer, et le temps qu’ils s’ajustent, vu que les joueurs (OLB) chargés de couvrir la zone courte sur le côté ne seront pas encore arrivés dans leur zone (n’oublie pas que tout va très vite). Si tu te retrouves confronté à de la zone de tous les linebackers en face, tu peux utiliser des tracés ‘cross’, avec un receveur qui traverse le terrain et te donne une opportunité le temps que le receveur s’ajuste.
Pour ce qui est de détecter une défense de zone, dans le monde réel, tu sais que, de toute façon, chaque équipe a un schéma de couverture de base, avec quasiment tout le temps une cover one au minimum, et que l’adversaire va utiliser toute sortes de variations autour de son schéma de base.
Pour la partie ‘Madden’ qui sous-tend ta question, essaie simplement de faire bouger un de tes receveurs. Si un défenseur suit et s’aligne, ça te donne une indication d’un marquage individuel au moins partiel. Si rien ne bouge dans la défense, tu peux t’attendre à une zone. Ajuste un tracé en fonction. Et puis, si tu es en situation de devoir gagner beaucoup de terrain en peu de temps, il y a de fortes probabilités que la défense adverse soit en zone profonde…
-En défense, j'ai compris que 3-4(ou 4-3) = 1 ou 2 voire 3 receveurs, que dollar = 3 receveurs, quarter =4...mais quid de Nickel et dime, à quoi ça sert ?
Ouh là. Leçon de rattrapage :
Une 3-4 ou une 4-3, c’est une base de défense. 7 joueurs « devant » (3 ou 4 linemen, 3 ou 4 linebackers), 4 joueurs « derrière » (deux corners et deux safeties). Pour contrer une attaque qui n’a que deux receveurs, et parfois (mais rarement) 3. C’est le schéma « de base » lorsque l’attaque d’en face joue sur une base avec deux coureurs derrière le QB ou un TE supplémentaire.
Une ‘Nickel’, c’est lorsque tu fais entrer un troisième cornerback sur ton package de base, en sortant un LB (version de base) ou en sortant un lineman (quand tu as une base 4-3, en général, on sort le LB le plus orienté ‘arrête la course’, ou on passe à 3 linemen, et tu as des variations sur certaines équipes qui ne passent qu’à deux linemen, quand il n’y a qu’une chance infime que l’attaque d’en face appelle une course). C’est destiné à gérer une attaque à 3 receveurs.
Une ‘Dime’, c’est lorsque tu fais entrer un quatrième cornerback, pour gérer une attaque à 4 receveurs. Il te reste en général un LB dans l’axe pour gérer le RB d’en face ou rusher le passeur. Parfois, tu as certains ‘looks’ de Dime qui n’ont qu’un seul lineman, aussi.
La Nickel et la Dime permettent de mixer des couvertures de zone et du marquage individuel.
La ‘Quarter’ consiste à avoir 7 défensive backs au total sur le terrain (en général 4 cornerbacks et 3 safeties). La ‘Dollar’ ou plus exactement ‘Half Dollar’ (mais on reste dans la terminologie Madden pour ne pas te perturber) comporte 8 defensive backs (4 safeties, 4 corners). Ces deux types de défense sont faits pour défendre la passe longue ‘désespérée’, ou Hail Mary, ou Ave Maria et éviter d’encaisser un TD longue distance lorsque l’on est dans une situation où l’attaque ne peut plus rien faire d’autre que de balancer le ballon vers l’endzone en priant (d’où le terme Ave Maria) qu’un de ses receveurs l’attrape et inscrive un TD. Ou qu’un défenseur des Texans ne dévie le ballon dans les mains d’un receveur des Jaguars…
Tu peux utiliser dans le jeu une Quarter quand tu joues contre des dispositifs à 5 receveurs depuis le shotgun… Laurent te dirait que c’est comme ça qu’il faut jouer contre des joueurs qui aiment le playbook des Saints et pratiquent une attaque verticale.
Colt a écrit :
Décembre approche, et les terrains difficiles avec. Est-ce que comme dans notre soccer ca nivèle les valeurs ?
Les équipes ont elles tendance à adopter des tactiques "frileuses" ?
Des 'tactiques frileuses', en soi, ça ne veut pas dire grand-chose pour moi.
Il est certain, cependant, que le football d'hiver dans certains coins du pays (Pittsburgh, Green Bay, New York, Cleveland, Boston, Chicago, Denver puisque c'est la montagne, parfois jusque Baltimore ou Charlotte) est un football que l'on peut trouver plus 'conservateur', plus basé sur la course. C'est un peu différent pour Buffalo ou Philadelphie, qui sont aussi dans la moitié nord mais jouent sur du turf et pas de la pelouse.
Le turf ne gèle pas... Et quand il y a de la neige, ça glisse à mort mais il n'y a pas là matière à favoriser les 'tracteurs' comme ça peut être le cas sur de la pelouse naturelle.
Car des terrains gelés ou boueux ou la neige favorisent les joueurs plus lourds, et les jeux de course 'en puissance'. En cela, on peut faire la comparaison avec les gros défenseurs du soccer qui sont plus avantagés sur un terrain boueux, puisqu'ils compensent en puissance le changement de la qualité des appuis, les petits gabarits techniques aux appuis plus légers qui ont ensuite du mal à utiliser leur vitesse. En cela, c'est un peu comparable.
Ensuite, tu as les équipes du Sud (Miami, Tampa, Jax, San Diego, San Francisco, Tennessee, Dallas) où les conditions météo sont moins dures et les équipes qui jouent en salle (New Orleans, Minnesota, Saint Louis, Atlanta, Houston, Arizona, Indianapolis) qui ne sont pas concernés par le changement de temps.
Donc, on ne peut pas parler de 'tactiques frileuses', mais en termes de sécurité de ballon, il est évident que garder le ballon au sol c'est prendre moins de risque que de lancer le ballon par grand vent ou d'essayer d'exploiter la vitesse de receveurs qui ne peuvent pas avoir la même explosivité sur le premier appui que sur un terrain sec.
Donc, dans un certain sens, ça nivelle les valeurs en cela que ça handicape les équipes basées sur la vitesse (Indianapolis en défense, par exemple, qui a un déficit de puissance impressionnant) et favorise les équipes qui ont une ligne lourde et puissante comme Pittsburgh, bâti pour jouer dans les mauvaises conditions de janvier ou décembre, sans être trop handicapés dans des conditions estivales. Un coureur puissant comme Mendenhall, par exemple, ou Peyton Hillis, qui a aussi une ligne lourde et bonne pour la course, auront un petit avantage en portant le ballon tout en 'accrochant au terrain' lorsque des défenseurs adverses sont plus aptes à jouer avec un premier pas très rapide et de la vitesse.
Le temps a une influence. Et pourtant, on ne remet pas de matchs, en NFL, sauf conditions vraiment exceptionnelles.
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