SPECIAL EDITION :
DEATH PENALTY FOR THE U ???
Oh. My. God. The U, l'université de Miami, la fac favorite de l'auteur de ces lignes, est entrée cette semaine dans l'oeil du cyclone. The U affronte à ce jour le plus gros scandale de son histoire, qui n'en manque pourtant pas.
Les plus vieux se rappelleront peut-être des années héroïques où Miami emportait tout sur son passage... Certains peut-être même ont eu l'occasion de voir le match de légende de 1988 contre Notre Dame, le fameux 'Catholics versus Convicts' (et on sait de quel côté se trouvaient les repris de justice)... Certains ont connu les années Butch Davis, et la privation de Bowl pour des violations des règles de l'amateurisme. Vous avez peut-être aussi entendu parler de Luther Campbell, un rappeur qui filait du cash aux joueurs, des 'primes de match' illégales dans les années 80...
Today, The U has reached rock-bottom. Nous nous trouvons devant un scandale potentiellement pire que celui qui a valu à la Southern Methodist University ce qui reste pour le moment la plus grave punition infligée à une fac : The Death Penalty, la peine de mort en bon français, deux ans de suspension pour le programme, la privation de bowl en 1990, un grand nombre de bourses supprimées... Et là, qui sait ce qui nous attend, nous, les fans des Hurricanes...
Et, non, ce n'est pas une nouvelle baston comme en 2006 contre les Golden Panthers...
THE SCANDAL
Les enquêteurs de la NCAA, qui supervise les sports universitaires américains (et qui ne reconnaît pas le champion BCS comme champion NCAA...), sont sur le campus de Coral Gables depuis cette semaine, pour enquêter sur les révélations faites par le journaliste de Yahoo Sports Charles Robinson, spécialisé dans ce type d'enquêtes autour des facs (l'histoire Tressel à Ohio State, par exemple).
Dans un article publié sur le site de Yahoo Sports (ici), Robinson déroule la confession d'un certain Nevin Shapiro.
Shapiro a été arrêté pour avoir monté une escroquerie à la Madoff, une chaîne pyramidale ou Ponzi scheme en VO. Pratiquement, ça revient à 'recruter' des investisseurs qui doivent eux même recruter des investisseurs. L'argent des seconds remonte via les premiers, et ceux qui se trouvent en bas de la chaîne sont les victimes finales de l'escroquerie. Leur argent 'investi' sert à verser des intérêts à ceux qui sont à la 'strate' supérieure de la pyramide. Vieux comme le monde.
Et le bonhomme a ouvert la boîte de Pandore. Shapiro affirme avoir fourni en sa qualité de « booster » de the U un tas de bénéfices inappropriés aux joueurs de la fac, soit pour les convaincre de signer à Miami, soit simplement pour les récompenser de leurs performances, ou encore parce que le type avait 'vendu' à ceux qui n'étaient encore que lycéens, au moment de choisir leur fac, qu'être un Hurricane, c'était la belle vie assurée.
Shapiro affirme qu'il offrait tous ces 'cadeaux' aux joueurs... simplement parce qu'il pouvait se le permettre. Shapiro aurait détourné à son profit 80 millions de dollars dans le cadre de son Ponzi scheme. Et balançait la monnaie.
Au total, ce seraient pas moins de 72 anciens et actuels joueurs de football de l'université qui auraient reçu les 'cadeaux' de Shapiro. Selon ses dires, Shapiro aurait pris la suite de Luther Campbell comme 'booster chargé de divertir les joueurs' après que Campbell ait été poliment prié de rester à distance raisonnable de la fac et des joueurs. Campbell était surnommé 'Uncle Luke' dans le milieu. Shapiro est donc presque naturellement devenu 'Little Luke' quand il a pris la relève...
Parmi les joueurs actuels, qui font l'objet de l'enquête de la NCAA, on trouve le quarterback titulaire ou presque Jacory Harris, le receveur Travis Benjamin, et le linebacker vedette Sean Spence. Une douzaine de noms au total auraient été cités par Shapiro.
D'autres programmes qui ont récupéré des anciens coaches de Miami pourraient également se retrouver dans l'oeil du cyclone Shapiro : Aubrey Hill, des Gators de Florida, superviseur du recrutement, qui occupait la même place à Miami il y a quelques années et aurait été au courant de l'histoire, Clint Hurtt de Louisville, lui aussi chargé du recrutement par le passé à Miami, ou encore Joe Pannunzio, directeur du football du Crimson Tide d'Alabama.
THE BENEFITS : HEY, THAT GUY SHAPIRO DOES IT VERCHAIN STYLE !
Alors, notre nouvel ami Shapiro gagne tout le respect du Verchain Inc pour tout ce qu'il fournissait aux joueurs. On croirait que ce type apprécie la méthode Verchain... Jugez plutôt...
Shapiro aurait 'offert' aux joueurs de The U :
- Pour les recrues potentielles : des coaches de the U auraient ramené les jeunes faire la fête chez Shapiro, leur permettant de 'goûter aux joies futures qui les attendaient à Miami', qui sont détaillées ci-dessous. Un joueur de basket aurait même reçu un paiement en cash de 10 000 dollars pour signer chez les Hurricanes.
- Des bijoux, des fringues, des billets d'avion, et même des jantes pour les SUV des joueurs concernés. Shapiro aurait payé la bague de fiançailles de Devin Hester, des montres pour Antrell Rolle, des billets d'avion pour la mère de DJ Williams (Broncos) afin qu'elle vienne à Miami voir son fils et rencontrer l'associé de Shapiro dans une agence de marketing sportif (un autre point qui met Miami en infraction, des agents de joueurs ou de marketing en contact régulier avec les joueurs), des jantes pour Hester (encore) et... des billets d'avion pour les petites amies de Willis McGahee.
- Une maison comme on en voit dans les films, et un yacht. Shapiro mettait à la disposition des joueurs sa maison pour organiser des fiestas (voire des orgies), et son yacht pour des 'parties de pêche' avec le frigo complètement chargé d'alcool et de bouffe. Des parties de pêche à plus de 2000 dollars au coup...
Photo sur le yacht... Ahem... That's freakin' gay or is it just me ? |
- L'entrée dans des boîtes de nuit de Miami... Et dans des clubs de strip... Shapiro aurait ainsi claqué dans l'un des cinq ou six clubs régulièrement fréquentés par les joueurs et certains coaches 33000 dollars en 5 ans, sans compter les paquets de cash qu'il distribuait pour que les gars puissent aller les coincer sous la ficelle des danseuses. Danseuses qui se retrouvaient parfois dans des salons privés pour des danses... avec finition buccale ou plus si affinité.
Kellen Winslow et Nevin Shapiro. Ou The Rock et The Miz. Guess the correct answer... |
- Des invitations au restaurant (et pas au McDo...), des appartements...
- Des prostituées !!! On touche au summum du Verchain Style, là... Shapiro payait les gagneuses, qu'il envoyait aux joueurs, d'abord dans des chambres d'hôtel, ensuite sur le yacht où, apparemment, on pêchait aussi la morue...
- Des primes de match, des primes 'pour la tête de', des 'récompenses de tournoi' : Shapiro distribuait du cash aux joueurs qui en avaient besoin (parmi lesquels Vince Wilfork, qui a perdu ses deux parents pendant sa scolarité à Miami). Et il avait également instauré un système de primes. Des 'bounties', les récompenses des chasseurs de primes, pour le joueur qui arriverait à blesser un adversaire lors d'un gros match. Tim Tebow était une de ces cibles désignées, comme le QB Chris Rix de Florida State. Pendant trois ans, la somme de 5000 dollars était ainsi promise à qui blesserait Rix. Jonathan Vilma (Saints) a été nommé comme spécialement motivé lors des rencontres traditionnelles contre les Seminoles pour toucher cette prime particulière. Shapiro organisait aussi des concours de billard ou de pêche pour les joueurs avec des prix en cash ou en nature à la clé...
- Et même un avortement. Une strip teaseuse d'un des clubs fréquentés par les joueurs se serait faite engrosser alors qu'elle avait reçu de l'argent pour coucher avec un joueur. Shapiro aurait payé pour l'avortement.
Pas de doute, on est dans le glauque. Verchain Style. Et on se demande encore pourquoi, d'instinct, Verchain a choisi The U comme 'fac de référence' lorsqu'il s'est intéressé au football... Il y a des choses qui ne trompent pas...
And, yeah, that kind of stuff probably convinced Verchain he had to root for The U, too... |
THE U : PROVIDING NFL PLAYERS SINCE...
Les éventuelles sanctions (et je ne doute pas qu'il y en aura) qui frapperont the U viendront une nouvelle fois traîner dans la boue une des facs qui compte parmi les plus gros fournisseurs de joueurs de la NFL.
Je vais un peu me lancer dans le name dropping, mais... Aujourd'hui en NFL, ces joueurs qui comptent sans doute parmi ceux que vous aimez ou supportez ont été formés à Miami...
Vince Wilfork et Brandon Merriweather des Pats, Ray Lewis et Ed Reed des Ravens, Vernon Carey des Dolphins, Jon Beason, Greg Olsen et Jeremy Shockey des Panthers, Devin Hester des Bears, DJ Williams et Willis McGahee des Broncos, Antrell Rolle des Giants, Jonathan Vilma des Saints, Reggie Wayne des Colts, Andre Johnson des Texans et plein d'autres. Voilà quelques uns des joueurs que The U a apporté au football. Warren Sapp, aussi, tiens. Ou encore le regretté Sean Taylor...
And, yeah, that Jon Beason autograph looks freakin' gay to me too... |
Une éventuelle Death Penalty sur le programme des Hurricanes mettrait sans aucun doute en danger l'une des plus belles football factories du milieu. Et j'ai envie de vomir.
Tout le système du football universitaire est corrompu jusqu'à la moelle, entre les différents scandales qui mettent en lumière l'amateurisme marron, le système du BCS et des Bowls qui ne sont là que pour enrichir une certaine caste... Et pourtant, nous serons encore nombreux devant nos télés ou nos écrans les samedi à compter du mois de septembre...
AND THEN WHAT ?
La Death Penalty, telle qu'elle a été infligée à SMU dans les années 80, est l'équivalent d'une vitrification nucléaire pour un programme universitaire. Les conséquences ont été tellement lourdes pour la fac du Texas que le président de la NCAA d'alors a affirmé ne plus jamais vouloir infliger une telle sentence à une fac.
Mais là... On se trouve devant une affaire qui se monte à plusieurs millions de dollars de 'improper benefits' qui se seraient retrouvés 'offerts' aux joueurs. Ça dépasse tout ce qu'on a pu connaître pour le moment.
Pour les Trojans d'USC, et les 300 000 dollars reçus par UN joueur, Reggie Bush, la NCAA a suspendu la fac de LA pour deux ans de Bowls, et supprimé trente bourses de joueurs (les scholarships) sur une période de trois ans, privant ainsi les Trojans de recrues. Lane Kiffin ou pas, les Trojans vont encore galérer quelques années avant de pouvoir tenter véritablement de redevenir la fac numéro 1 dans le pays...
Là, on parle d'autre chose... De coaches pris dans le système, de millions de dollars... Et de tout un Department of Athletics au courant de l'affaire et qui a laissé faire. D'ailleurs, un épisode lui aussi révélé par Yahoo confirmerait l'implication d'un AD adjoint dans l'histoire. Shapiro aurait tenté de fracasser la tronche du responsable de la 'compliance' (en gros, chaque fac a un service qui s'assure que les différents programmes sportifs de l'université respectent les règles de la NCAA en ce qui concerne l'amateurisme...) lors d'un match, sans y parvenir, et qu'un AD adjoint lui aurait dit de laisser aller, que le responsable de la compliance ne viendrait pas lui chercher des poux dans la tête.
Ouch. So much pour le changement d'image de la fac qui semblait se mettre en place sous la responsabilité de l'ancien coach Randy Shannon, et que le nouveau coach, Al Golden, souhaitait pousser encore plus loin, ne tolérant plus un seul débordement de la part de ses joueurs. Officiellement.
L'investigation de la NCAA aurait commencé en fait dès cet hiver, et les responsables de The U n'ont pas prévenu Al Golden, au moment de son recrutement au poste de head coach, de cet état de fait.
Les conséquences au sein de la fac pourraient bien s'avérer désastreuses, avec des démissions ou des licenciements en série.
Pour le programme, la sanction devrait se trouver quelque part entre la Death Penalty et celle infligée à USC : des limitations de scholarships, un bannissement des Bowls pour plusieurs années (3 ou 4, sans doute), des suspensions d'au moins un an pour les 12 joueurs actuellement à la fac, une énorme amende, sans doute. Et peut-être l'interdiction d'avoir les matchs des 'Canes télévisés... Là, en plus, on est dans le multisports, vu que le programme de basket est également concerné...
I'm sick. Sick and tired.
La NCAA est sur le point de priver les fans de Miami de beaucoup de plaisirs simples, des victoires contre les rivaux historiques, des Bowls... De la fierté pour les anciens élèves de voir les p'tits gars de leur Alma Mater le dimanche chez les pros...
And, please, NCAA, do not deprive us of this... |
My god... Le président de la NCAA, Mark Emmert, a publié un communiqué, chose rarissime, pour évoquer l'affaire alors que l'enquête est toujours en cours :
'Si les éléments avancés sont réels, la conduite supposée à l'université de Miami est l'illustration du besoin que nous avons de changements fondamentaux dans beaucoup d'aspects critiques du sport universitaire. Et ceci spécialement par rapport à l'implication des boosters et des agents avec les étudiants-athlètes. Alors que beaucoup entendent parler de ce cas pour la première fois, la NCAA a commencé à enquêter sur cette affaire il y a environ cinq mois. Les sérieuses menaces sur l'intégrité du sport universitaire constituent la raison pour laquelle j'ai réuni la semaine dernière plus de 50 présidents d'universités pour promouvoir des changements substantiels dans le sport universitaire de haut niveau'.
L'une des propositions qui est ressortie de cette fameuse réunion de la semaine dernière : le renforcement des sanctions pour les infractions majeures (et là, on touche au summum de l'infraction), compensé par une réduction des peines pour les infractions mineures (documentez vous sur l'investigation autour de Boise, par exemple, où le tennis féminin risquerait de plomber tous les programmes de la seconde fac favorite de Verchain. Saloperie de tennis, tiens...).
Et là, la NCAA se trouve en position de faire un exemple. Un truc gras, qui marquerait les esprits.
Si vous êtes croyants et fans de the U, priez.
Si vous ne l'êtes pas, attendez avec anxiété que la sanction tombe, et plonge The U dans un coma duquel elle aura toutes les peines du monde à se relever.
quand on voit les sanctions d'USC pour un seul joueur comme tu le dit je me dit que même 4 ans sans bowls (et les suppressions de bourses qui vont avec) ce serait pas grand chose.
RépondreSupprimersinon super article comme toujours
Thanks for the kind words.
RépondreSupprimerEn effet, à mon avis, même si la Death Penalty ne compte pas, il pourrait y avoir, surtout, comme mentionné dans l'article un 'television ban', les matchs des 'Canes ne pouvant plus être télévisés pendant un moment.
Ce serait cependant un gros coup porté à l'ACC, la conférence où évolue Miami, qui est traditionnellement une place forte, même si le marché de Miami n'est pas non plus celui d'une très grande ville.
En ces temps où plane la menace de constitution d'énormes conférences (SEC, Pac12, Big10 qui pourraient toutes s'agrandir), la décision de la NCAA au sujet de The U pourrait avoir des conséquences bien plus étendues que le seul devenir de la fac...
La vidéo qui explique ce qui c'est passé:
RépondreSupprimerhttp://youtu.be/JHHMVSBj45o